Un
curieux a écrit :Je te remercie d'avoir fait l'effort de n’utiliser que des références très classiques sur lesquelles nous avons, toi ou moi, systématiquement proposé des analyses dans des revues référencées.
Je résume ta pensée : 1- Parry distingue le [parler] du [chant]
2 - Tu établis une analogie entre le geste physique et une condition existentielle (en passant par le chant)
3- Tu soutiens que le geste n'est pas seulement un acte physique, mais qu'il cause ou initie l'expression musicale
Contre-argument : 1- La distinction chant / parler est une distinction relativement récente dans l'histoire de l'humanité. Appliquer très strictement la définition contemporaine ne peut être fait qu'avec précaution. Les recherches de John Potter et Neil Sorrell, notamment dans
A History of Singing (Franchement à ce prix là c'est donné), montre combien la distinction n'est d'ailleurs pas encore universelle encore aujourd'hui comme on peut l'entendre dans le
chant de gorge inuit (et tous ceux qui ne trouvent pas ça magnifique sont juste trop racistes). Quand je suivais les leàons de Bruno Nettl il insistait beaucoup pour dire que les catégories modernes ne peuvent pas être appliquées rétroactivement aux formes anciennes d'expression vocale. Ainsi, tu fais erreur quand tu déduis de l'acte de chanter l'ontologie humaine. La notion même de chant est une construction sociale, une marque d'une certaine modernité, située au sens butlérien.
Ainsi, non seulement le chant n'est pas le propre de l'homme comme je l'ai démontré par divers arguments et contre-exemples animaliers, mais il n'est même pas universel en l'Humain contrairement à ce que tu indiques. On pourrait croire que plus je développe mon propos moins je comprends ce qu'est le chant et plus je me dis que cette notion est incompréhensible, mais il n'en est rien (lire en ce sens : Kévindu12 : "trust me bro XD").
2- L'herméneutique de l'ontologie humaine mérite en soi quelques développements, je l'entends.
On peut soutenir que l'action est l'expression de l'être humain. "Ainsi, j'ai l'expérience de la vie par l'action, donc je suis. Et ce que je suis je l'appelle humain".
Cependant, cette déduction souffre de deux apories :
Premièrement, ce raisonnement ne pourrait se défendre que dans un solipsisme radical. En effet, le raisonnement revient à ne se fier qu'à sa propre expérience pour déduire des expériences similaires à mon corps que l'autre peut être. Ce solipsisme en deviendrait à la fois tautologique ("Sein sein Sein") et nierait même toute existence autres que celle identifiable à sa propre expérience. Si l'idée est fort séduisante, sa pratique me semble plus périlleuse car elle interdirait tout échange philosophique. Souvenons-nous de cette conclusion magnifique de Wittgenstein : "Wovon man nicht sprechen kann, darüber muss man schweigen".
Deuxièmement, encore faut-il démontrer en quoi cette action est spécifiquement humaine. Les animaux agissent aussi. Leurs actions constituent également une forme d'expression et d'être-au-monde. La question fondamentale reste de savoir ce qui différencie l'action humaine de celle des autres formes de vie. Si l'on veut vraiment fonder l'Humanité sur l'action, il faudrait alors expliciter ce qui fait que l'action d'un humain, comme celle d'Alain Debout ou d'un autre, est humaine et non animale. Tu éludes ce champ, mon ami.
3- Ce second aspect de l'argumentation évite à mon sens les écueils du solipsisme, mais pour entrer dans celui du simplisme. L'exemple du bras levé de Wittgenstein ne doit pas être pris comme une simple description du geste, mais comme un appel à réfléchir sur l'importance des contextes sociaux et politiques dans l'interprétation des gestes. En quelques sorte, le geste est polysémique et s'apprécie dans le contexte de celui qui agit comme de celui qui voit. Mon fils de 5 ans me disait d'ailleurs ce matin que le seul moyen d’envisager l’origine du sujet transcendantal est la praxis ontologique et l’épistémologie déconstructiviste dans un contexte herméneutique intersubjectif qui relie le logos à la phénoménalité de l’existence.
Un bras qui se lève n'est
Thoughtcrime en soi. Il l'est si existe le nazisme. Le bras du chef ne fait de musique que si la musique existe, que dans une société qui s'est accordée sur cette pratique sociale. Dans nos sociétés contemporaines, si le bras du chef d'orchestre se lève pour engendrer la musique c'est parce que, lorsqu'il se baissait, il y a eu des
morts. Je t'invite à réfléchir sur la notion de construction sociale avec cette citation : "𓂋𓎛𓎼𓄿𓇋𓅱𓆑". Parce que vraiment j'adore les petits animaux.
La proposition est donc fausse.
___
lol
bi1 fé