La Chéchénie.

Introduction

Peu de gens à la surface du Cybermonde connaissent aujourd’hui l’existence de la Chéchénie et de son peuple, les Chéchènes. Pourtant, leur histoire constitue à la fois l’une des plus grandes sagas de la Cyberhistoire récente mais également la plus terrible des tragédies modernes. Les épopées poignantes des héros qui animent cette histoire sont toutes autant d’exemples d’engagement et de liberté pour les générations à venir. Leur modeste mise en lumière - sur les quelques pages qui suivent - ne représente qu’un bref aperçu de leur véritable courage et, en contraste, de la férocité et de la violence qu’un système est capable d’initier pour faire taire le cri de souffrance de tout un peuple.

Histoire de la Chéchénie.

- Genèse -


Berger et chasseur, le Chéchène vit au coeur de sa nature, la montagne.

Il y a plusieurs centaines d’années, bien avant l’Âge Brun, le peuple Chéchène évolue sur la partie Nord-Est du continent. Avant la montée des eaux, ce secteur correspondait aux provinces Kralandaises de l’Ascilésie, de la Kradie et du Triangle d’Or. Peuple nomade et montagnard, le peuple Chéchène, fort d’un petit millier d’individus, fonde sa nation sur les valeurs communes du partage, du courage et de la liberté.

Vivant principalement de l’élevage de chèvres et de la chasse, les Chéchènes vivent au rythme des saisons, en totale harmonie avec la nature environnante. Les premiers d’entre eux, robustes, se montrent très adaptés à la rudesse de la vie en altitude et aux conditions de froid polaire du Nord du continent. Ils se nourrissent du lait fourni par leurs troupeaux, dont ils tirent déjà plusieurs types de fromages odorants et toutes sortes d’autres spécialités.



Le Loup et les Neufs Etoiles.


Rapidement, les différentes familles Chéchènes prenant de plus en plus d’importance, celles-ci se regroupent en clans (ou teïp en Chéchène). Ces teïp, 9 clans à l’origine, prennent une place symbolique forte dans la construction et l’élaboration de la société Chéchène. Ce sont eux que l’on peut retrouver symbolisés sous la forme de 9 étoiles sur certains drapeaux verts Chéchènes.

Premier symbole de la Chéchénie, le loup, qui apparaît sur de nombreuses oeuvres d’art, est choisi comme emblème de la nation Chéchène. Symbole de liberté, de cohésion et de courage, il est également l’ennemi invisible et intelligent que le berger Chéchène redoute et admire.

Un courage comme symbole, mais également comme moteur de toute un peuple. Celui-ci se retrouve également dans l'hymne de cette nation sauvage aux principes préservés.

« La nuit où les loups sont nés,
À l'approche de l'aube, les ours rugissaient.
Nous sommes alors venus,
Du fond des âges, dans ce monde hostile.
Depuis, nous ne plaisons à personne,
Mais nous avons conservé notre dignité.
Des siècles durant, nous nous sommes assurés
Via la lutte, la liberté ou la mort.
Et même si les montagnes rocheuses
Brûlent dans le feu des batailles
Aucune horde au monde
Ne nous mettra à genoux. »

- Le premier génocide Chéchène -



Représentation des Kamps de la Mort, auteur inconnu.


La seule ombre au tableau onirique et puissant de cette ancienne nation aux principes chevillés au corps : la naissance d’une autre nation, à l’appétit Cybermondial, la République Kralandaise.

Les premiers Socialo-Graffitistes, RedStar en tête, comprennent que leur ambition d’étendre ce qui deviendra par la suite l’empire rouge ne peut se faire sans écraser tous les peuples primitifs vivants sur les territoires visés.

Les spécialistes de l’histoire Chéchène ne sont pas tous d’accord sur le point de départ de la première extermination lancée par la République sur le peuple nomade. Tous, cependant, tombent d’accord pour dire que génocide il y a bien eu. Ce point est évidemment contesté par tous les historiens et tous les registres de la République qui, durant de nombreuses années, assaillies par les questions venant de tout le Cybermonde et par les requête du Tribunal Cybermondial, n’a eu de cesse de répéter qu’aucune épuration ethnique n’a eu lieu sur son sol.

Cependant, les chiffres sont là : de plusieurs milliers d’individus, les Chéchènes se sont retrouvés que par quelques poignées, majoritairement des hommes, parmi les plus solides et ceux qui avaient une expérience du combat. Ceux-là furent réduits à la clandestinité. Tous les autres, leur destin - que la République tente de cacher - fut tout aussi funeste que celui de tous les soit-disants traîtres par la pensée que la RK a envoyé sans relâche aux Kamps de la Mort. Femmes, enfants, vieillards, les Chéchènes constituent dans les premières années parmi la principale population de ces Kamps où ils meurent chaque jour par centaines.


- La résistance Chéchène, naissance de la F.A.C. -


Photo d’archive du contre-espionnage Kralandais montrant sept résistants Chéchènes anonymes dans une forêt Kralandaise, avant une attaque.


Les quelques hommes qui se sont tirés de ce terrifiant destin, tout tracé pour eux par les oligarques à la tête de la soit-disante Démokratie, se sont rapidement regroupés, puis organisés. L’objectif est clair : il faut faire face à ce monstre rouge qui dévore tout sur son passage et libérer les frères Chéchènes encore détenus secrètement dans les Kamps.

C’est la naissance de la F.A.C. - la Force Armée Chéchène -. Fondée dès l’Âge Brun par un regroupement de bergers miliciens, elle s’est fixée pour seule et unique mission de faire vivre les valeurs d’insoumission portées par l’hymne national Chéchène. Des équipements rudimentaires et des tactiques improvisés par les bergers, bien souvent déséquilibrés dans leur rapport de force dans leur combat contre les KlassKommandos, la F.A.C. a su grandir et s'adapter pour arriver à fournir les soldats parmi les plus robustes et les plus aguerris que le Cybermonde ait connu.

Trouvant leurs financements dans les recoins les plus obscurs, les contre-commandos de la F.A.C. s'équipent de plus en plus lourdement et enchaînent les actions de guérillas pour affaiblir le géant auquel ils sont confrontés ; et malgré leurs efforts désespérés, la République semble inébranlable et rien ne paraît pouvoir démettre les rouges de leur sol natal.

Même à force de volonté et de courage, évoluant à 1 contre 1000, sans appui aérien, sans chars et sans bunkers hyper-sécurisés, les membres de la F.A.C. ne font qu'égratigner la falaise sur laquelle viennent se briser les vagues de leurs frères martyrs.

Et alors que tout semble voué à la destruction et que le désespoir s'empare du coeur des plus féroces d'entre eux, l'espoir va renaître grâce au plus improbable secours : celui d'un ours au pelage bleu.


Grizzarr, du teïp Chadyrov.


Fiche d’Identification volée au bureau du contre-espionnage Kralandais.

Grizzarr Chadyrov est un véritable OVNI dans le paysage de la résistance Chéchène à bien des points de vue. Par sa naissance tout d’abord : supposément né Kralandais, il découvre ses racines Chéchènes grâce aux travaux de recherches historiques entamées par le médecin le Dr Diurn.

Révolté par son appartenance au milieu ultra-socialo-graffitique de l’époque, il opère un volte-face et se retourne contre le système qui l’a vu grandir en découvrant avec effroi les facettes les plus sombres et les plus secrètes de la République. C’est en tentant de le faire taire à l’aide d’un poison nouvelle génération que le contre-espionnage le transforme par mégarde en ours bleu. Non seulement cette première tentative d’assassinat échoue, mais elle vient porter encore davantage le regard sur la cause Chéchène puisqu’il est désormais pratiquement impossible de ne plus voir le désormais plus poilu des survivants Chéchènes.

Très vite, Grizzarr se hisse dans les hautes sphères de la F.A.C. et son expérience passée en tant que poseur de bombes pour la République s’avère très utile pour le groupement armé qui affronte alors le terrible Tornarssuk qui, ironie du sort, est également un ours, alors à la tête de la République.


Tornarssuk, ancien Premier Ministre de la République de Kraland.

La période d’activisme la plus forte de Grizzarr Chadyrov s’étend durant plusieurs années (de 2005 à 2008), laps de temps très court, mais pendant lequel le boievik a quand même le temps de prendre les commandes de la F.A.C. et d’organiser trois coups d’état contre la République, dont le troisième - à l’occasion de la fameuse « Opération Double Fromage » - est un succès.

- L’Opération Double Fromage et le Second Génocide Chéchène -

Le Colonel - ainsi est surnommé Grizzarr au sein de la F.A.C. - n’a qu’une idée en tête : prendre les commandes de la République pour la mettre à terre et la dissoudre. Les deux premières tentatives de coup d’état, parties toutes deux de Kradie, la base arrière des Chéchènes - qui profitent du laxisme policier ambiant de la région - sont basées sur une stratégie frontale : un commando s’infiltre, capture le Premier Ministre et tente de faire tomber le pouvoir en place. Ces deux premiers essais restent malheureusement infructueux et voient la perte de la plus grosse partie des escadres envoyées. Grizzarr lui-même est mis aux fers et envoyé en Australine par deux fois.

C’est alors qu’avec l’appui de Wilma et de Foule-Aux-Pieds-Les-Impies, Grizzarr Chadyrov crée « l’Opération Double Fromage », ultime tactique contre le régime Kralandais. Il décide, d’une main, d’attirer l’attention du régime, qu’il sait hyper-réactif à la question des attaques Chéchènes. Il envoie un commando, mené par son propre fils Imbariovitch Chadyrov, créer une diversion dans le Grand Musée Officiel du Quartier sur les Eaux. Et pendant que les forces Kralandaises se massent pour venir à bout de la poche de résistance formée sur leur propre territoire, Grizzarr et toutes les autres troupes restantes prennent d’assaut le Quartier Suprême, dont la garde est alors diminuée.

L’opération est un succès, mais de courte durée. Si Tornarssuk est bel et bien envoyé en Australine, le gouvernement provisoire Chéchène doit tenter de stabiliser une situation des plus critiques. La prise d’otages au Grand Musée s’achève dans un véritable bain de sang : Igor Vadik, le garde du corps de Grizzarr, Aio, l’informaticienne du groupe, Alec Chadyrov, le cousin, ainsi qu’Imbariovitch, le propre fils du Colonel, décèdent tous les quatre lors de la reprise violente du complexe par les Kommandos. Seul rescapé, Asran Betergkhanov, se voit transporté non pas aux urgences médicales, mais au Kommissariat de la Pensée. Son décès ne sera avoué qu’à demi-mots par les officiels Kralandais, qu’un an plus tard, le 16 juin 2009. Asran se serait donné la mort dans le Kommissariat, refusant de donner les noms de ses compatriotes rebelles.


De gauche à droite : Igor Vadik, Aio, Imbariovitch et Wilma, « la mère de tous les Chéchènes ».

Une fois le Grand Musée repris, toutes les forces militaires rouges sont redétournées sur le Quartier Suprême, où les dernières forces Chéchènes se sont retranchées, bien décidées à ne pas lâcher le pouvoir, comptant sur le soutien promis de leurs alliés Musulmaniens. La suite n’est qu’une affaire d’heures. Bathorilitch, héroïque Chéchène, Cell et Mikhaïlovitch Chadyrov, deux autres cousins de Grizzarr, Wilma, la mère de tout un peuple, Foule-Aux-Pieds-Les-Impies, la guide spirituelle du groupe, le Docteur Diurn, celui-là même responsable du déterrement historique des archives Chéchènes, tous sont passés au feu impitoyable de la Kralashnikov en l’espace de quelques minutes.

Le coup d’état a bel et bien fonctionné, mais les forces Chéchènes n’ont pu tenir que quelques heures. Tornarssuk est rapatrié d’Australine et même si plusieurs hauts dignitaires Kralandais ont pu être jugés par les tribunaux libres Chéchènes, le gouvernement rouge se reconstitue.

Très vite, l’information est masquée. La télévision Kralandaise est reprise. Le contenu des journaux est modifié. Toute l’histoire est rapidement passée sous silence.

En secret, les SpetznazKommandos d’élite font même une descente en Kradie, où tous les Chéchènes restés en arrière et les pro-Chéchènes sont abattus sans sommation. Parmi les victimes, on compte notamment l’ensemble de la communauté Punk de l’époque.

Dernière victime de ce conflit, Ophélia Chadyrov, qui parvient à s’exfiltrer de la République apprenant l’arrivée des Spetznaz. Elle sera retrouvée 3 mois plus tard, malgré sa couverture, en Spéculie, puis abattue de sang froid en pleine rue commerçante.

- L’après « Opération Double Fromage » -

Alors que le contre-espionnage s’est fait une véritable frayeur de plusieurs heures en perdant totalement le contrôle de la situation, les agents Kralandais fouillent les décombres des combats à la recherche du meneur de l’attaque : Grizzarr Chadyrov. Mais en vain.

Celui-ci restant introuvable, la République de Kraland remue alors ciel et terre pendant près de 10 ans, de fin 2008 à 2018, pour essayer de remettre la main sur celui qui fut à l’origine de la plus sanglante rébellion de son histoire. Durant cette période, quelques indices furent trouvés, certains allant dans le sens de la mort du Colonel, d’autres laissant à penser qu’il fut extradé secrètement par les services secrets Musulmaniens. Ceux-ci, évidemment, nièrent toute aide apportée de près ou de loin aux militants Chéchènes en général et au leader Chadyrov en particulier.

Le dossier du peuple Chéchène, oublié sur un bureau du Tribunal Cybermondial, n’a, depuis ce jour, plus jamais refait parler de lui.