Jour 1 : EnferméCa y est. Je l'ai fait.
Aveuglé par ma colère, j'y suis allé.
C'est vrai, j'ai voulu régler mes comptes tout seul. Mal m'en a pris. Seul, nous ne sommes rien.
Me voici à croupir dans ce cloaque, tout juste bon à nourrir les cafards. Et c'est qu'il y en a, des cafards.
Quelques rais de lumières passent au travers des barreaux de la fenêtre, me permettant vaguement de garder la notion du temps.
Les matons m'ont fouillé mais, malgré leur zèle, j'ai pu conserver un crayon et le papier sur lequel je couche ces quelques lignes... Je vous laisse deviner d'où il sort...
Il règne autour de moi un silence de mort. Pourtant, je ne suis pas seul... Par la fenêtre, je vois les paires d'yeux qui me scrutent. "Un nouveau", se disent-ils... C'est vrai que je ne suis guère habitué des lieux. J'en ai entendu parler, évidemment. Comme tout le monde, avec les pires histoires afin de me dissuader de commettre un quelconque crime. Mais cela n'a pas suffit...
L'un des soudards qui me gardent cogne à ma porte avant de l'ouvrir : "Promenade !", hurle-t-il. Je suis surpris, je ne suis pas prêt... Quelle heure est-il ? La bleusaille m'a dépouillé de ma montre... Le temps que je me saisisse de mes chaussures, il annonce : "Refus !" et referme bruyamment la porte. Bah ! Quelle importance... Sans doute vaut-il mieux observer, pour le moment.
Je regarde par la fenêtre et j'assiste à la mise en place d'un étrange cérémonial... Les autres détenus entrent tour à tour dans la cour et, chacun à son rythme, se mettent à marcher le long des murs. Tous dans le même sens, horaire. Invariablement. Les allures diffèrent, chacun son pas. Mais tous dans le même sens. Tous ? Non. Un gamin pense qu'il peut sortir du rang et aller au milieu, faire l'intéressant. Il retire son T-Shirt, laissant apparaître son torse blanc et malingre, et se met à faire quelques pompes, au centre de la cour. Il n'a pas fallu quelques secondes pour que trois hommes taillés comme des armoires kralandaises ne sortent de la file, attrapent le gringalet et l'emmènent dans un coin sombre de la cour, éloigné des regards des gardiens et des caméras de surveillance. Je quitte mon perchoir quelques secondes alors que le son des coups résonnent contre les murs de la cour, entrecoupés de quelques cris étouffés du jeune homme... Puis plus rien. Lorsque je regagne la fenêtre, les trois hommes ont repris leur marche. Le minot est adossé contre le mur, assis au sol... Il semble respirer, mais il mangera liquide pendant quelques temps et il n'est pas sûr que sa mère le reconnaisse au prochain parloir.
On ne plaisante pas avec les règles en prison.
À suivre...___


[ce message a été édité par Georges
Caillass le 18/05 à 09:31]