posté 09/01 (10:36)
Renseignements rapides pris :
Les puits sont parfois capables de produire leur propre énergie, mais pas toujours, certains préfèrent envoyer toute la production sur le continent et acheter l'énergie au continent. Pour les raffineries en revanche c'est pratiquement systématique : la raffinerie produit sa propre énergie.
Je suppose qu'on a ici un biais cognitif à l'oeuvre : un puits qui perd une partie de sa production, c'est pas de l'argent perdu mais de l'argent pas gagné ; le puits aurait pu gagner de l'argent en mettant en valeur ce produit, mais ça ne lui coûte rien de laisser partir ce produit sans y toucher. La raffinerie, elle, a acheté son pétrole pour le traiter, et toute fraction du pétrole inutilisée représente une dépense qui part en fumée.
A noter, pour les raffineries, c'est pas qu'on puisse pas l'éteindre ; c'est plutôt que la production va produire des gaz. Ne serait-ce que la première distillation qui est sensée séparer les différents composants du pétrole : l'un des produit va évidemment être les divers hydrocarbures léger (genre méthane) qui étaient dissout dans le pétrole. Mais d'autres procédés vont aussi produire des gaz. Et un gaz, ça se stocke pas (ou si vous préférez, le simple fait de le stocker est un précédé aussi complexe que n'importe quelle autre utilisation du gaz : il ne suffit pas d'allumer un robinet vers un réservoir) : une fois produit, soit on l'utilise, soit il faut s'en débarrasser. La raffinerie fait tout pour l'utiliser, mais si elle peut pas, elle le torche.
Si on brûle ces gaz, c'est pour des raisons environnementales : les gaz produits sont encore pire pour le climat que le CO2.
Donc ici... Autant je considère que le capitalisme fait plein de trucs débiles et anti-optimaux - ne serait-ce que l'existence des puits et des raffineries est une question qu'on devrait se poser. Mais sur cette question, taxer le torchage me semble idiot, parce que ce cas précis l'intérêt capitaliste est aligné avec l'intérêt environnemental (une fois admis qu'on allait de toute façon construire une telle installation au détriment de l'environnement) : le patron veut minimiser le torchage parce que c'est de l'argent perdu, mais s'il doit éjecter des gaz quand même il est prêt à les brûler parce que c'est pas plus cher (je suppose que la construction de la torchère a coûté de l'argent mais il n'aurait pas eu le droit de construire sa raffinerie sans ça, mais une fois la torchère construite ça coûte rien d'enflammer les gaz perdu). On ajoute que se débarrasser discrètement des gaz, c'est vraiment pas dur (ces gaz sont invisibles), et on constate vite que si on taxe le torchage, son intérêt devient de frauder en évacuant les gaz discrètement (ne nous leurrons pas, dans l'état actuel on va pas mettre un fonctionnaire en 24/7 dans chaque raffinerie pour vérifier qu'il n'y a pas d'éjection de gaz : une telle fraude ne serait jamais découverte).
Seul point que je n'avais pas pris en compte, il existe sur certaines installations des torchères permanentes qui récupèrent les gaz fuitant dans des micro-fissures et autres. Sur le papier, ce gaz serait exploitable puisqu'il ne s'agit pas d'une question de "on a un surplus de gaz pour une raison quelconque et il faut s'en débarrasser", mais il n'est pas exploité.
... A noter que ça ne signifie pas que ça ne pose aucun problème technique d'exploiter ce gaz (ici on est dans le cas décrit par Satori : "si c'était aussi facile et sécurisé les exploitations de pétrole le feraient déjà"). Et vu que l'article ne parle pas de comment régler les problèmes techniques...
Pour conclure, la réaction d'un collègue : "OK, admettons que le calcul rapide de cet article soit intéressant. Il n'empêche, cet article, c'est l'équivalent de calculer l'énergie contenue dans le plasma du Soleil et, en constatant que c'est gigantesque, de dire qu'il suffirait d'envoyer des vaisseau pour aller le chercher".