alamanda a écrit :> Non, ce n'est pas un mythe.
> C'est la mission première et quotidienne de la police.C'est faux et il y a plein de manières de le prouver. Par exemple, si c'était la mission première, on ne comprendrait pas trop qu'elle soit inféodée à l'exécutif dans le pays (plutôt que constituer un corps indépendant, comme la justice).
On ne comprendrait pas trop qu'elle intervienne systématiquement en faveur du libéralisme/des bourgeois/des patrons dans les conflits sociaux. Peut-être qu'un patron d'une entreprise massivement bénéficiaire qui licencie 10% de ses employés en France, ça met personne en danger ? (en fait si, le chômage tue, par la diminution de l'espérance de vie des personnes concernées, par les suicides causés etc. et le progrès sociaux qui s'y opposent sont toujours obtenus
en dépit de la police.
D'ailleurs, la police ne serait pas armée parce qu'il n'y a aucune justification d'intervenir avec des armes pour assurer l'ordre (et en fait c'est l'inverse dans les expérimentations : les flics par armés sont plus efficaces pour faire désescalader les conflits, mais en France ça n'existe pas).
La police consacrerait des moyens proportionnels aux dommages causés et ce n'est pas le cas : politique de tension et saturation policière dans les banlieues (où il y a de la petite délinquance représentant des montants faibles) et absence complète des flics ou de leurs interventions dans les sociétés huppées où les détournements financiers se comptent en millions d'euros perdus (d'ailleurs tu parles improprement de conflits d'intérêts, les flics n'interviennent notoirement pas dans les conflits d'intérêts, parce qu'il s'agit toujours de délinquance en col blanc).
La police ne serait pas systémiquement raciste et sexiste dans sa gestion de la sécurité. Or elle l'est, c'est constaté à tous les niveaux quand on s'y intéresse (constat général chez les universitaires, par l'ancien défenseur des droits, par la nouvelles défenseuse des droits, par les associations de terrain, régulièrement par la justice, etc.).
Le recrutement ne se ferait pas en demandant aux flics d'être compétents sur des questions de merde genre "le wokisme" et plutôt de connaitre la loi (genre ils ont pas le droit de refuser une plainte, mais les refus de plainte c'est pourtant la norme. Ou bien on peut parler des confiscations illégales de matériel de protection, la surveillance illégale des citoyens pendant les manifs, les enquêtes illégales etc.). La conséquence de ce recrutement est que notre police vote massivement pour l'extrème droite, ce qui dit des choses sur sa manière de concevoir les rapports sociaux.
Et enfin on ne constaterait pas que la présence des flics dans une zone géographique
augmente la criminalité dans cette zone plutôt que l'inverse.
D'ailleurs, même si on voulait protéger la population de la petite criminalité, on commencerait peut-être par agir sur les facteurs qui sont connus pour causer la petite criminalité, non ? Genre la pauvreté, la précarité, le chômage, la relégation géographique, la rigueur dans les services publics, la désertion des systèmes éducatifs et de santé, etc. Ajouter des flics est une solution connue pour ne pas marcher.
Maintenant ne me fais pas confiance et va lire ce qu'en dit l'anthropologue Didier Fassin plutôt : dans
La force de l'ordre, il conclut que la police ne défend pas la sécurité, mais l'ordre, et plus précisément l'ordre social, c'est-à-dire qu'elle participe à maintenir les pauvres en état de pauvreté et les riches en état d'exploiteurs. C'est vrai que Fassin est également militant, mais tu peux aussi te tourner vers Gwenola Ricordeau (sociologue et abolitionniste des systèmes policiers et carcéraux) ou bien Rigouste (historien et auteur de
la domination policière) ou bien Jobard (sociologue et cité sur ce topic censément comme un sociologue pro-flic, mais qui est assez favorable à l'abolition pour encadrer une thèse sur le sujet en ce moment. Tu peux même remonter aux thèses de Michel Foucault. C'est vraiment un sujet qui fait l'unanimité chez les gens qui bossent dessus (en fait j'ai demandé il y a un moment que des contre-exemples sérieux soient fournis, et pour le moment on m'a cité uniquement Jobard ce qui est dommage pour ce que ça disait sur la personne en terme de compréhension de texte)
> La police est un mal nécessaire car jusqu'à maintenant personne n'a prouvé qu'un état sans
> police était viable en faisant par exemple assurer l'ordre par les habitants eux même.Au contraire, de telles expériences existent et sont plutôt concluantes. Car dire que « personne n'a prouvé », c'est une affirmation très forte. Il suffit d'un contre-exemple pour te donner tort :
en voici un par exemple : « il n'y a pas de police à Marinaleda, car il n'y a pas de délinquance. » > C'est là qu'il y a corruption et détournement de l'appareil sécuritaire de l'Etat à des fins
> politiques.Eh bien en paraphrasant un peu, je dirais que "personne n'a prouvé qu'une police sans corruption ni détournement de l'appareil sécuritaire de l'État à des fins politiques" peut exister.
N'hésite pas à demander des pointeurs si tu as besoin de sources sur un point particulier. Je pense qu'il y en a beaucoup dans les pages précédentes du topic, mais je dois pouvoir en retrouver la plupart sans trop de problème.