François Gemenne fait partie des experts qui rédige les rapports du GIEC (dans le groupe 2).
Il a donné une interview et est revenu sur
twitter pour détailler sa pensée :
« 1. Il faut réorienter nos efforts vers l'adaptation. Tout le débat public, en France comme en Belgique, porte sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre. C'est indispensable, mais ça ne suffira pas. Il faut faire l'un et l'autre, pas l'un ou l'autre.
Les objectifs de l'Accord de Paris sont essentiels comme guides de nos actions, mais il faut être réalistes. Quand on vise un objectif de « zéro SDF dans nos rues », c'est un objectif louable, mais ça ne dispense pas de mettre en place des hébergements d'urgence.
Donc je crois qu'il faut arrêter de penser que tout va bien se passer, même en réduisant drastiquement nos émissions. Il faut dire la vérité : c'est un problème graduel, pas binaire. Donc chaque tonne de Co2 compte, chaque dixième de degré, ce sont des souffrances supplémentaires2.
Je crois qu'on atteint les limites de la démocratie représentative à faire face au problème. Nous attendons trop des gouvernements, qui devront toujours arbitrer entre différentes priorités et satisfaire différents intérêts. Moi je n'y crois plus.
Il y a bien sûr des choses à faire au niveau domestique (surtout sur la rénovation des bâtiments), mais beaucoup va se jouer aux niveaux local et international. Et les questions internationales n'ont aucun poids dans les campagnes électorales (hélas).
Les questions écologiques sont par nature conflictuelles, et les gouvernements n'arbitreront jamais pour l'écologie : parce qu'il s'agit d'une cause, et d'intérêts immédiats, représentés par des lobbies ou des catégories d'électeurs.
Heureusement il y a plein d'autres leviers de changements : dans les collectivités, les entreprises, la société civile, les médias
La démocratie ne se réduit pas aux élections - dont je n'attends plus rien, à vrai dire. »