Nain Satiable a écrit : Et je pense de même que la population ne changera pas ses habitudes de façon drastique.
Je pense que la phrase exacte est la population ne changera pas
volontairement ses habitudes de façon drastique.
Des changements radicaux d'habitudes alimentaires ça existe historiquement. Quant une epizootie anéantit l'essentiel des troupeaux d'un vaste espace, les gens arrêtent de manger de la viande (ou en tout cas cette viande là si l'espace en question est suffisamment diversifié en bétail) ; même chose quand une espèce végétale hégémonique est brutalement décimée. L'histoire coloniale en particulier a amené plein de catastrophes de ce type, quand ce n'était pas carrément des choix délibérés de la puissance coloniale (par exemple remplacer de l'agriculture vivrière par du sucre, de l'indigo ou du coton etc). D'un point de vue humain je suis tout à fait d'accord que ça n'est
jamais une bonne nouvelle.
Là depuis 4 ans on a une fièvre porcine endémique qui a anéanti une grande partie des porcs chinois, ce qui a modifié les comportements alimentaires en Chine (mais surtout dans des pays moins riches, la Chine ayant siphonné de quoi reconstituer son troupeau). Et évidemment ça ne fait pas du tout plaisir aux populations concernées. Le Parti Communiste Chinois n'a pas hésité à sortir tout de suite l'argent nécessaire à résoudre la situation - mais c'était un des rares gouvernements à pouvoir le faire, et parce que ça ne concernait qu'une espèce à la fois. De même on peut lier une bonne partie des troubles constatés en Iran, au Maghreb ou dans la péninsule arabique au cours de la dernière décennie, à des difficultés d'approvisionnement en blé, en ovins, etc
Le problème de la combinaison du réchauffement climatique et surtout de l'épuisement des énergies fossiles, c'est que contrairement aux épizooties, ça va affecter l'ensemble des systèmes de production, et donc sans ces marges de report sur telle autre espèce ou tel autre espace agricole - sauf de la façon la plus brutale, en allant confisquer ses ressources vitales. De plus la capacité de reconstitution des troupeaux n'est pas du tout la même quand c'est un problème structurel (manque de sols pour produire la nourriture des animaux) que quand c'est un problème conjoncturel, fut-il récurrent.
La position qui me semble défendue ici par Un Curieux entre autres (et en tout cas par moi), ce n'est pas de dire : il faut que les gens deviennent végétaliens sinon ça va être la merde ; c'est plutôt : ça va être la merde et on va être forcés de devenir quasiment végétaliens, mieux vaut l'admettre et prendre les mesures pour s'y adapter le moins douloureusement possible.