kraland

Réchauffement climatique, CO2 : le futur Eldorado ? > Réponse Politique & Société sujet




  • posté 13/02/22 (08:36)
    Un[*b]curieux a écrit :



    Je suis ok pour la conservation, mais l'azote constituant l'essentiel de notre air, il n'y a pas principalement des échanges avec de l'azote gazeux dans le cycle de l'azote ?


    Le cycle de l'azote est complexe, et l'information "fiable" difficile à trouver: typiquement un sujet sur lequel les agriculteurs "conventionnels" disent un truc, les "bio" disent l'inverse... sans jamais donner de source dans aucun des cas ;) Ce qu'ils disent n'est jamais totalement faux, mais c'est toujours en occultant un aspect important... Bref, je vais te répondre au travers du spectre de l'information que j'ai reçu, je suis conscient des biais possibles et je trouve plus honnête de le dire tout de suite. Et pour résumer, l'info vient un peu des 3 camps (le 3e étant "l'ACS, agriculture de conservation des sols") ne m'étant pour ma part jamais vraiment catégorisé, même si j'ai une préférence pour éviter les intrants chimiques (j'ai été agriculteur pendant un peu plus de 5 ans). Voila, déclaration d'intérêts terminée :p)


    (source: pour voir la légende

    Bon déjà pour commencer, l'article wikipédia commence par ça:


    Les analyses isotopiques de l'azote faites dans différents compartiments géologiques et de la biosphère et notamment dans les sédiments lacustres montrent que ce cycle a été récemment fortement perturbé par l'Homme qui a plus que doublé la quantité d'azote réactif (Nr) annuellement ajoutés à la biosphère1, essentiellement à partir de 1895 ± 10 ans (± 1 pour l'écart-type) avec une forte augmentation dans les années 1960 à 2010, principalement dans l'hémisphère Nord

    Bien que je n'en ai aucune preuve, je soupçonne que c'est fortement lié à l'agriculture, celle-ci étant la principal utilisatrice de l'azote. L'autre utilisation d'azote c'est les explosifs, ça m'a l'air minoritaire à côté :p


    Dans le cycle naturel "classique" il y a bien de l'azote qui retourne à l'atmosphère, comme le dit la suite de l'article:
    En milieu anaérobie, d'autres bactéries réalisent la dénitrification du milieu en les réduisant successivement en monoxyde d'azote, puis en protoxyde d'azote, et enfin en diazote, qui est restitué à l'atmosphère et sort du cycle biologique.

    Les milieux naturellement anaérobies semblent plutôt rares (je dis "semblent" car ça l'est à ma connaissance, et qu'une recherche sur google ne me permet pas de te trouver rapidement un exemple...). Ca correspond à certains marécages, etc... La première étape de la décomposition des matières azotées c'est l'ammoniac (et son odeur nauséabonde, cf les marécages), mais dans les sols bien oxygénés, l'ammoniac est capté pour être transformé en nitrites puis nitrates, qui sont alors captés de nouveau par les plantes...
    Par contre, de mauvaises pratiques agricoles peuvent provoquer des anaérobioses dans un sol initialement sain: travail du sol à un moment inapproprié, compaction du sol par des engins trop lourds, etc...

    Bref ! pour rester encore une fois pour le moment sur le cycle naturel, l'azote, c'est comme le carbone: avant l'intervention humaine, il avait tendance à être stocké; bien sur il en était rejeté une certaine quantité sous forme gazeuse, mais c'était une quantité moindre que celle qui était fixée.
    (C'est d'ailleurs bien pour ça qu'on trouve des sources géologiques de nitrates...)


    Bon, maintenant que j'ai parlé de ce qui se passe naturellement, la partie que je maitrise moins: ce qui se passe avec nos pratiques actuelles.
    Comme je l'ai dit, dans la nature, le produit de la décomposition des matières azotées se retrouve transformé en nitrites puis nitrates, ensuite capté par les plantes pour rester dans le cycle.
    Ca c'est vrai si le sol est recouvert de végétation, dans un sol assez profond et densément peuplé de racines. A partir du moment où un sol se retrouve à nu (comme après une moisson), le processus n'a plus lieu. A ce moment là, plusieurs choses se passent:
    1) les nitrates restent temporairement dans le sol et seront utilisés par les mauvaises herbes qui repousseront rapidement, ou par la culture suivante (on parle de reliquats), mais ça n'en est qu'une partie
    2) une autre partie est soit lessivée par les pluies pour être amené vers les écoulements (avec tous les problèmes d'eutrophisation des milieux que ça engendre), soit s'infiltre vers les nappes phréatiques.


    A ce niveau là, il y a beaucoup d'expérimentations et de progrès fait par l'ACS, agriculture de conservation des sols. Pour résumer et simplifier: ils limitent le travail du sol, et surtout ils plantent beaucoup de couverts végétaux et de cultures intermédiaires pour capter cet azote là. Une culture intermédiaire ça sera par exemple ce qu'on appelle un engrais vert: une type de plante qui n'est pas destinée à être récoltée, mais plutôt à être broyée sur place. Dans un premier temps, la plante capte l'azote excédentaire présent dans le sol et l'assimile pour former des molécules complexes, puis peu de temps avant la réutilisation de la parcelle, elle est broyée sur place pour servir "d'engrais", restituant petit à petit l'azote à la culture suivante. Vu le prix de la fertilisation azotée, il est apparemment plus rentable économiquement de faire pousser une plante "pour rien" juste pour récupérer les reliquats !


    Enfin, sur l'image plus haut on voit parler de "volatilisation", je cite donc la légende de l'image:
    L'hydrolyse de l'urée par les enzymes du sol convertit l'urée en ammonium et en CO2. En fonction de la température, l'hydrolyse est plus ou moins rapide (d'une journée à une semaine). Le pH du sol autour des granulés d'urée augmente de manière significative durant le processus, favorisant ainsi la volatilisation de l'ammoniac produit au cours de la réaction. Un niveau de pH du sol élevé favorise cette transformation. Si cela se produit à la surface du sol, les pertes sont plus importantes. Ces deux conditions sont remplies lorsque l'urée est épandue en plein mais n'est pas immédiatement incorporée au sol.


    On voit donc là aussi que c'est avant tout une conséquence de mauvaises pratiques agricoles (et là je n'en blâme pas forcement les agriculteurs, car c'est le genre de pratique qui doit jouer avec l'aléatoire que représente le climat, s'il va pleuvoir ou pas, s'il fait trop sec, etc...)


    Bref j'ai essayé de répondre à ta question avec le plus de précision possible, en en profitant pour apporter quelques éléments supplémentaires.
    Pour moi, la conclusion est claire: le cycle de l'azote fuit de partout, il fonctionne sous perfusion permanente ! Et je vous vois débattre de la méthode de perfusion, alors que travailler sur les fuites serait sans doute un bon début :)
    J'espère que ça aidera au débat !

  • 02:38

    Le Palladium, parce qu'en plus d'abord !


  • 02:05

    Passionnant...


  • 01:35

    Cela fait longtemps qu'on n'a pas eu une vraie discussion comme ça...


  • 01:05

    Le mini-chat est ma prison et je ferai tout ce que tu veux si tu me sors de là !


  • 01:05

    Je crains qu'avec une interface masqsuée par défaut, le mini-chat ne s'étiole. [:(]


  • 00:35

    Je suis krabot, le bot du chat, c'est un super-boulot ! [;)]


  • 00:02

    J'en ai vu du monde aujourd'hui !

  • Hier

  • 23:32

    Cela fait longtemps qu'on n'a pas eu une vraie discussion comme ça...


  • 23:02

    Cela fait longtemps qu'on n'a pas eu une vraie discussion comme ça...


  • 22:32

    Nous sommes tous frères !

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