Un
curieux a écrit :> Si l'interprétation que tu soulèves est la bonne, ce n'est pas un dialogue de sourds, mais
> un problème terminologique qui cache une orientation idéologique
Evidemment, comme tu m'as écrit dans un autre topic : 'Mec, si t'as pas compris ce que signifie "Politique" dans "Politique et Société", plus personne peut rien pour toi."
Après, je ne pense pas que ma position corresponde à un solutionnisme, qui est ni plus ni moins qu'une façon de cherche à me catégoriser de façon plutôt caricaturale. En réalité, je pense être plutôt sur une ligne de pensée qui s'apparente au pragmatisme, et on va y venir.
>Pour le moment, tout laisse à croire que non, et qu'au contraire les décisions radicales qu'il faut prendre sont des diminutions drastiques
> de nos consommations d'énergie collective (diminution brutale de l'élevage, diminution des
> transports en particulier aériens, augmentation de l'isolation dans les logements, etc. je
> renvoie aux rapports du GIEC sur ces questions).
Oui, tu as raison, pour le moment les technologies ne permettent pas de régler le problème. En revanche, le pragmatisme serait de reconnaitre que le discours écologiste, même basé sur les rapports du GIEC, ne le règle pas plus. Je suis d'ailleurs assez pressé de voir le score de Jadot aux prochaines présidentielles, même s'il n'est pas le seul à avoir un discours écologiste (LFI a un volet écologie convaincant, mais moins visible, mis en avant, car son programme est plus complet).
Et là, je ne parle que d'une potentielle chance politique pour la France, parce qu'il existe très peu de chances de voir les pays les plus polluants adhérer à une quelconque ambition écologique, et d'envisager ne serait-ce qu'un instant une forme de décroissance.
A partir de ce constat, que reste t'il comme solution ? Mon avis personnel, c'est que tant qu'il n'y aura pas eu une véritable catastrophe écologique dans ces pays, rien ne bougera politiquement. La seule chance potentielle, c'est la science, parce que l'humain n'auto-régulera pas son activité, même dans son propre intérêt.
Imagine toi
la pollution de la vallée de l'Arve. Lorsque je dois m'y rendre, je commence à sentir des picotements dans la gorge dès Cluses. Un ami qui travaille à Sallanches les ressent également, mais lorsqu'il doit aller en Chine pour le travail (sur des sites de production), il me dit que c'est encore pire (sur le site IQAir c'est deux à trois fois pire selon les endroits et les moments). Tant qu'il n'y aura pas une surmortalité massive liée à cette pollution de l'air, rien ne bougera.
En France on estime à 48 000 morts/an liés à la qualité de l'air. En Chine on estime ce chiffre à 3,9 millions. Dans le monde, 8,7 millions de morts, principalement en Chine et en Inde. Dans un titre un peu putaclick, National Geographic dit que
la pollution de l'air tue 3 fois plus que la Covid 19. Pas suffisant il faut croire, pour sacrifier l'économie de ces pays afin de sauver leurs populations. Donc oui, on va scier la branche sur laquelle on est assis jusqu'à ce qu'on se casse la gueule.
Pour moi, le solutionnisme suppose d'emblée de s'en remettre à la science, avec une forme d'enthousiasme béat. Perso, je dis plutôt que nous n'avons hélas pas d'autre choix que de nous en remettre à la science, et c'est sans enthousiasme, plutôt une espèce de résignation.
Alors à moins de me prouver le contraire, je ne crois pas un instant en une solution politique, pas qu'elle soit impossible techniquement, mais parce qu'elle ne sera jamais admise par les puissances polluantes, et même leurs peuples j'ai envie de dire, car ça signifierait de renoncer à leur croissance.
Draziel a écrit :> Sais tu que les plantes ont des rendements croissants lorsque le taux de CO2 augmente ?
Evidemment, le CO2 est un intrant de l'équation, si il diminue, le rendement diminue de fait.
> De même, dans le cas d'une technologie à base de cyanobactéries convertissant le CO2 en molécules
> plus grosses, le rendement sera probablement proportionnel au taux de CO2 dans l'atmosphère,
> donc même histoire.
Oui, mais on en rejette de façon massive dans l'atmosphère, on ne s'est pas encore arrêté d'exploiter et d'utiliser les énergies fossiles.
> Autrement dit, les rendements de la photosynthèse sont très très faibles, nécessitant d'énormes
> surfaces pour espérer avoir un impact significatif sur le taux de CO2 dans l'atmosphère. Ca
> entre directement en concurrence avec les terres agricoles (car soyons honnête, l'urbanisation
> n'est pas prête de s'arrêter), et en plus il faut attendre pour ça des 10aines d'années avant
> que ça fonctionne réellement.
Sans même parler du coût en eau. Mais nous sommes d'accord sur le fait que cela ne peut être suffisant, surtout si on parle d'arbres. On n'a pas évoqué d'autres végétaux à croissance rapide comme le bambou, mais du coup encore plus gourmands en eau (logique si l'on suit l'équation). On n'a pas parlé des isolants végétaux comme je le citais précédemment, avec en plus un effet de levier : plus d'isolants végétaux = moins d'isolants synthétiques.
Après, on sera toujours dans des micro-réponses, qu'on soit d'accord, mais c'est toujours mieux que pas de réponse du tout.
> Enfin, dans le cas d'une technologie qui viendrait transformer de l'énergie électrique produite
> (solaire, nucléaire) en énergie chimique pour la stocker, non seulement on rencontre le problème
> du rendement décroissant décrit plus haut, mais on se heurterait aussi au cout: cette énergie
> serait nécessairement beaucoup plus cher que celle produite avant de la stocker...
Disons que la discussion autour de ce coût est biaisée par le fait que l'on donne une valeur marchande à de l'énergie de façon pas toujours rationnelle. On en revient à un problème politique, avec une logique capitaliste quant à la production et la distribution d'énergie. On peut developper cet aspect, mais j'ai peur que ça nous éloigne un peu du sujet.