Père Fusion a écrit :> Par contre quid de la mise en danger d'autrui?
Ben c'est évident qu'il faut, dans la mesure du possible, et tant que ça ne met personne en danger, protéger tout le monde de soi-même ou d'autrui.
Mais justement, le truc, c'est que cette protection a un coût. Si ce n'était que financier, on pourrait rentrer dans le débat du coût d'un non-mort (et franchement, pour tout ce contre quoi les flics te protègent, le coût d'un non-mort est hallucinant par rapport au coût d'un non-mort lié à la précarité, à la santé, à la prévention, etc. : budget de l'intérieur : 13.9 milliards d'euros)
Mais cela a aussi un coût humain : le maillage de flics sur le territoire cause des morts, liés par exemple au fait que les flics conduisent n'importe comment pour jouer aux cowboys quand on leur lance une alerte alors qu'ils sont en patrouille (source : l'analyse anthropologique de Fassin sur les flics, déjà citée). On peut aussi citer les stats publiées dans la presse pour 2020, recensées
ici :
- un policier percuté volontairement par un fourgon qu'il tentait d'interpeller à Bron, le 13 janvier
- un policier tué dans un accident de la route sur l'autoroute A10, lors d'un déplacement vers une mission de routine, le 1er septembre
- un policier tué dans un accident de la route alors qu'il se rendait sur les lieux d'un cambriolage en cours, à Villeneuve-d'Ascq, le 5 septembre
- un policier tué par une voiture de la BAC (brigade anti-criminalité) qui poursuivait un suspect, en Seine-et-Marne le 8 décembre
- trois gendarmes tués par un forcené à Saint-Just (Puy-de-Dôme) dans la nuit du 22 décembreAlors il y a comme un motif, et pourtant 2020 était une année où on aurait pu penser qu'il y aurait exceptionnellement peu d'accidents de la route.
Bref : ça ne veut pas dire que c'est cool que des gens mettent en danger leur santé ou celle d'autrui, ça veut juste dire que toute "solution" n'est pas bonne, il faut des chiffres pour en évaluer les avantages et inconvénients (et s'il s'agit vraiment d'une solution ou non, par exemple). Comme Fassin le rappelle, il y a des situations où ce raisonnement échoue spectaculairement, par exemple pour évaluer l'utilité des patrouilles de flics. Celles-ci n'ont absolument aucune incidence ni sur la criminalité, ni sur le temps de réponse des flics, et pourtant, c'est le truc brandi comme solution évidente partout.