Arnold Schwartzenprout a écrit :> Un curieux, tu pourras continuer à utiliser un procédé malhonnête et degueulasse pour faire
> croire que la mission quotidienne des policiers est de tuer et mutiler les pauvres citoyens,
> ça ne changera rien au fond de ton discours.Non, en fait, je continue à utiliser toutes les perches possibles pour développer mes arguments - parce qu'ils auraient été beaucoup trop nombreux pour être synthétisés en un seul post, du coup merci de me fournir une trame narrative, c'est plus confortable
![[;)]](http://img7.kraland.org/s/02.gif)
Je vais simplement ici noter deux choses :
1/ je n'ai évidemment jamais dit ni fait croire que la mission des flics est de tuer et de mutiler. J'ai dit qu'ils le faisaient, et c'est tout. Merci John de l'avoir souligné
![[;)]](http://img7.kraland.org/s/02.gif)
2/ il y a néanmoins des interrogations à avoir (dans la droite ligne de l'article sur Bittner, si on veut) sur ce qu'est la mission de la police, quand on regarde matériellement ce qu'elle fait (c'est-à-dire si on quitte le discours institutionnel pour lui mêler une analyse des pratiques). De ce que j'ai compris jusqu'à présent, c'est une tâche complexe et à laquelle ont participé environ tou.te.s les expert.e.s que nous avons cité.e.s sur le topic (je pense voir des tentatives d'apporter à cet éclaircissement chez Ricordeau, Mucchielli, Jobard, Fassin, Rigouste et Bittner, bien entendu).
Je ne veux pas parler pour Arnold, mais essayons de faire le tour des missions généralement attribuées à la police par les partisans du statu quo :
A/ retrouver et arrêter les
mauvaises personnes
B/ protéger la population
C/ maintenir l'
ordre D/ lutter contre la criminalité (y compris si ça passe par A/)
?? D'autres trucs (n'hésitez pas à compléter, je lirai et répondrai avec attention).
Sauf que beaucoup de choses dans l'organisation de la police devraient faire tiquer si c'était vraiment ça les missions de la police. Déjà, pour le A/, le principal travail est un travail d'enquête, et il n'y a pas de raison particulière que l'enquête soit un travail policier (il y a même des raisons de souhaiter que les enquêtes soient faites de manière indépendante, je ne reviens pas dessus). Pour le B/ et D/, l'analyse matérialiste consisterait à regarder si la population est davantage protégée avec ou sans la police, et si la criminalité diminue davantage avec ou sans la police. Ben il n'y a pas grand chose en faveur d'une efficacité quelconque. Bittner soulignait que les homicides volontaires étaient les délits qui diminuaient le plus en dépit de l'absence d'action particulière de la police dans ce domaine. Si on suit le raisonnement, il y a tout lieu de penser que ce n'est pas la police qui agit vraiment sur la protection de la population ou la diminution des délits, mais d'autres facteurs (l'accès à l'éducation ou aux ressources minimales, l'accès à des médiateurs en cas de conflits, par exemple). Et c'est aussi pour le B/ qu'il faut se rappeler que la police tue, mutile, ou provoque des délits (ou en commet !) : bon an mal an, cela pèse dans la balance. Toujours pour le B/, je signale à tout hasard que les patrouilles de police ont un effet nul sur la criminalité, qu'elles coûtent cher, qu'elles pourrissent la vie des flics, et qu'on les maintient pourtant
(voir Fassin pour la source). Pour le D/, on peut signaler que les moyens pour lutter contre la petite délinquance sont sans commune mesure avec les moyens pour lutter contre les fraudes fiscales et autres délits en col blanc, dont les effets sont largement plus néfastes d'un point de vue purement économique.
Il reste le C/ et il faut nécessairement souligner que le C est ultra ambigu : l'ordre est quelque chose de difficile à quantifier, et il y a sans doute des raisons pour lesquelles notre système judiciaire consacre certains droits au désordre (dans la constitution - droit de résistance contre l'oppression), mais aussi dans la loi (droit de grève, droit de manifester, etc.). De fait, une manifestation, même pacifique, c'est toujours du "désordre" (cela bloque la circulation, par exemple). Ainsi, le choix de l'ordre que l'on veut maintenir en dit surtout long sur nos opinions idéologiques. En bon gros gauchiste (tu vois, Arnold ? je ne m'en cache pas tellement), je pense que l'auto-gestion est une forme d'ordre. Et l'évidence, c'est que la police est capable de créer du désordre pour anéantir toute forme d'auto-gestion (regardez l'histoire de l'affaire LIP par exemple, mais aussi les interventions de flics pendant des grèves ou des manifestations, les attaques contre Nuit Debout ou les ronds points giletsjaunés, etc.).
Ma conclusion n'a rien d'original, c'est quelque chose qui a déjà été écrit par d'autres dans le topic : l'effet concret de la police n'est pas de maintenir l'ordre (ou aucune des autres missions décrites plus haut). Il faut donc chercher ailleurs, et le seul point cohérent dans toute l'action de la police, ce qui devrait donc constituer sa "mission", c'est la défense des intérêts de la bourgeoisie. Relisez mes paragraphes ci-dessus, et regardez qui profite systématiquement des interventions de la police.