Arnold Schwartzenprout a écrit :Tout ceci me semble quand même lunaire, mais "mettre en place une police de proximité" me semble trop flou pour que je puisse me prononcer sur l'utilité. S'il s'agit de conserver les structures actuelles et d'y adjoindre encore plus de flics et encore plus de moyens, alors je suis catégorique : c'est une grosse bêtise, et c'est explicitement affirmé dans
l'interview de Ricordeau que j'avais citée : envisager des solutions qui commencent par augmenter le périmètre d'action ou les moyens de la police, ça va dans le mur.
À un moment, il faut bien envisager que le périmètre des missions policières n'est ni constant (il s'élargit depuis longtemps) ni issu d'une réflexion scientifique ou quoi que ce soit d'approchant. Les flics se retrouvent aujourd'hui en face de situations pour lesquelles ce sont les personnes les moins bien outillées, parce qu'on peut pas toujours régler les problèmes des gens en leur tapant dessus (j'exagère un peu : certains flics savent aussi déclamer des poncifs, ou faire preuve d'un vague instinct égoiste quand il s'agit de tricher avec leur connaissance du système).
Alors certes, il vaut mieux jouer au rugby avec des flics que se prendre un procès pour outrage quand il aura éteint sa webcam avant de t'injurier, mais qui pense sérieusement que ce sont les flics qui sont les bons interlocuteurs pour faire du sport ? Note d'ailleurs que quand tu écris qu'il faut du lien entre la population et les institutions, je suis entièrement d'accord : dans une optique où la police cesse d'être une institution, bien entendu que ce qui doit la remplacer doit être en lien avec la population. Je dirais même plus : il faut que ces institutions soient au service de la population, choisies par elle et leur rendant régulièrement des comptes.
> Ce que je veux dire par là, c'est qu'il n'y a pas de caractère exclusif entre une politique
> sociale qui entrerait en concurrence avec une politique "sécuritaire"
Bien sûr que si. La question est de savoir, quand tu rencontres une personne en détresse, si le numéro d'urgence que tu appelles fera débarquer une personne en arme ou pas. La probabilité varie entre 0 et 1, il y a bien une concurrence sur cet exemple, et on pourrait en trouver d'autres. J'ai utilisé plusieurs fois le terme "périmètre des missions", qui je trouve illustre bien ça.
Deux points rapides parce que je m'étire déjà en longueur :
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Tu parles de communautarisme. Le communautarisme n'est absolument pas une mauvaise chose : son autre nom est "lien social" et c'est souhaitable que des personnes faisant partie d'une communauté s'y tournent pour organiser leurs vies collectives. Je t'invite à réfléchir à ce que toi tu mets derrière ce mot, par exemple en lisant
ce chouette article.
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Un point qui n'est pas négligeable avec la police de proximité (ou avec le développement des polices municipales, c'est la rupture d'égalité des citoyens devant les institutions. Pourquoi, en fonction de l'endroit où on vit, des gens vont-ils avoir des flics qui viendront les faire chier jusque sur un terrain de sport alors qu'à d'autres endroits, on peut vivre sans trop les croiser ? Quand on sait le temps et la pénibilité et le stress que cause la présence policière, on ne peut que penser que ce n'est pas sans conséquence sur la réussite matérielle des populations.