Warrior 007 a écrit :Un peu de modestie aurait pu t'encourager à ne pas m'expliquer un sujet que tu découvres et que je travaille depuis des années. Tant pis.
> Très bel exemple ! On parle d'une commune de 2500 habitants sans police municipale. INCROYABLE
> ! En France il y en a déjà à la pelle, hein.
Il y a des raisons pour lesquelles la situation de Marinaleda est notable et citée, et pas celle de Brest : il n'y a pas de police
du tout à Marinaleda, et pour cause : ils appliquent la politique pronée par les mouvements que je cite depuis le début : remplacer la police par des modes d'organisation alternatifs.
Ainsi, s'il existe bien une force de
maintien de l'ordre nationale (on pourrait discuter de cette expression que tu emploies à tort et à travers, mais pour résumer, signalons que l'ordre défendu par la police est l'ordre social, je te renvoie à l'analyse de Fassin pour ce point), on peut lire ça et là qu'elle est en fait complètement absente à Marinaleda. Je te cite
un extrait du livre _Marinaleda, il villagio contro il mondo_ :
La guardia civil fu chiamata un paio di volte, ma quando arrivò i colpevoli erano già scomparsi. « Non si riuscì mai a capire se il sindaco approvasse tacitamente quanto stava accadendo » mi ha raccontato uno degli inglesi residenti a Marinaleda « dato che continuava a ripetere "non infrangete la legge, non usate la violenza". Comunque ne era, almeno in parte, responsabile».
Sans implantation locale, et avec une résistance passive de l'équipe administrative, l'impact de la guardia civil à Marinaleda est nul.
Nous sommes d'accord sur plusieurs autres points : je me considère effectivement comme révolutionnaire (c'est une position réfléchie et assumée), je n'ai pas peur de réfléchir à des situations qui me semblent contre-intuitives, et je suis pour sanctionner les flics qui commettent des abus. Tu notes que ce n'est pas incompatible avec le fait de vouloir supprimer la police, on peut maintenir des réflexions politiques sur plusieurs niveaux.
Soeur Laurie Cochet a écrit :Je me permets un aparté sur la notion de
violence. Que mets-tu précisément derrière ce mot ? Est-ce que la destruction de biens est une violence ? Est-ce que la privation de libertés est une violence ? (si ce n'est pas systématique, quel serait la limite ?)
Est-ce que tu es surtout conscient.e que la quasi-totalité des avancées sociales ont été obtenues dans des contextes que tu qualifierais de violents, simplement parce que le reste ne marche pas. Personne ne se retrouve dans la rue à envisager des actions violentes pour le plaisir (que ces actions soient de balancer un pavé dans la direction des policiers, de détruire une vitrine, de déchirer la chemise d'un DRH ou de résister les armes à la main à une milice qui cherche à t'assassiner).
C'est d'ailleurs le premier point du livre de Gelderloos, _Comment la non-violence protège l'état_ dont tu peux trouver une recension
ici (accompagné du texte intégral, parce que c'est comme ça que ça se passe par ici) : « la non violence est inefficace ».
Si cela ne te convainc pas, je peux au moins t'assurer d'une chose : pour tous les arguments auxquels tu peux penser contre l'emploi de la violence, les militant.e.s qui choisissent de l'employer dans un cadre collectif l'ont déjà entendu. Ils/elles ont sans doute déjà défendu ces arguments et ont changé d'avis par la suite. Ça ne leur donne pas raison, mais ça peut attirer la curiosité sur leur cheminement intellectuel, au moins.